samedi 10 novembre 2012

Exhortation à l’approche du Rohatsu : 24 novembre – 1er décembre


En y pensant on commence à avoir peur. Et beaucoup qui ont fait l’expérience d’une sesshin normale se disent pas encore prêt à participer à Rohatsu. Là n’est pas la vraie raison. C’est la peur qui les retient. La peur de ne pas dormir assez, la peur de trop de zazen. Cela dit en passant, personne n’est jamais mort de trop de zazen.

Une autre peur aussi : La crise. On est en période de crise alors il faut « faire attention ». Et dans ce cas la peur paralyse tout esprit de créativité, d’initiative. Plusieurs personnes aimeraient faire rohatsu mais au nom de la crise et de la peur qu’elle génère arrêtent leurs élans. Alors que le zazen va nous conduire dans des régions inexplorées de nous-mêmes, et développer, ce n’est quand même pas négligeable, un optimisme, une foi, un rayonnement intérieur qui amène à traverser les difficultés de la vie sans être abattu à l’avance par ce qui peut nous arriver.

C’est justement dans des moments où le monde va mal qu’il est important de consolider ses structures intérieures afin de ne pas céder à la peur, qui elle, est destructrice. Rohatsu va vous déboulonner ces craintes et ces angoisses qui ne sont d’aucune aide pour faire face aux difficultés de la vie, et faire émerger les énergies positives et créatrices enfouies au fond de vous. Et retourner à la maison avec une vision radicalement neuve de sa propre nature.

Une fois sa décision prise, le samedi 24 novembre, pendant le trajet de chez vous au Zendo, construisez un mental solide comme des barres d’acier.

T. Jyoji

dimanche 2 septembre 2012

La bougie

La bougie, à n’en pas douter, est un progrès sur la lampe à huile. Mais avant que la bougie n’existe était-on dans son besoin ? Non. On se contentait de la lampe à huile, docilement, sans se plaindre. Au crépuscule on remplissait les récipients puis on les allumait. Le plus tard possible pour faire des économies. Sauf chez ceux qui avaient les moyens. L’ « économie » n’existait pas encore. Lorsque la bougie arriva, le glas de la lampe à huile était sonné. On n’a plus eu besoin de la lampe à huile. On a changé de besoin.
Mais y avait-il un désir de changement là derrière ? En tous cas quelques individus s’étaient penchés sur la question : comment améliorer l’éclairage des maisons ? Et on s’est rué sur la bougie dont rapidement on n’a plus pu se passer. On pouvait très bien se passer de bougie tant qu’elle n’existait pas. De là est né le désir de posséder des bougies. Plein de bougies ! Des grandes, des petites, des grosses, des fines, utilisées à divers usages. La ruée sur les bougies était née.
Les fabricants de bougies, les marchands de bougies, les intermédiaires, les transporteurs, l’Etat qui taxa la cire après avoir taxé l’huile, cela arrangeait beaucoup de monde. Jusqu’au jour où un illuminé, Edison en personne, invente après qu’on l’eut découverte, le transport de l’électricité. C’en est fini des bougies. Ou presque. On n’en a plus eu besoin. Ou presque. On a besoin d’ampoules électriques !
Alors, comme on avait fabriqué des milliers et des milliers de bougies, on commence à fabriquer des milliers et des milliers d’ampoules. Les besoins varient, les désirs demeurent. Les fabricants de bougies font faillite. C’est la crise. Certains, qui avaient vu le vent tourner dès l’apparition des premières ampoules, se sont reconvertis dans la fabrication de quoi ? D’ampoules. Pour les intermédiaires ça ne change rien. Pour les transporteurs non plus. Les commerçants changent leurs panneaux publicitaires : « Ici on vend des bougies ampoules pas chères ! » « Utiliser 1 ampoule c’est bien, 2 c’est mieux ! » « Achetez deux ampoules, on vous en offre une troisième ! » Dans une autre vie je me souviens avoir lu ceci : « Quiconque tient à l’illumination tient à ses ampoules ». Ou encore : « Pour être Eclairé rien ne vaut les lampes X ». Ou encore ceci : « Pour éclairer votre lanterne faites confiance aux lampes Y ».
L’Etat continue à se régaler. Sur la même ampoule il taxe celui qui la fabrique, celui qui la distribue, celui qui la transporte, celui qui la vend, celui qui l’achète.
Le désir de « posséder plus » (donc de « travailler plus », ce qui me rappelle une certaine formule) est en train de se réveiller. On sort du besoin pour aller vers le désir et en fin de compte le désir créé le besoin. On n’a jamais eu besoin de ce qui n’existait pas ! Du temps de la lampe à huile je ne me souviens pas avoir entendu une seule personne se plaindre du manque de bougies. Avant que le téléphone portable n’existe personne ne se plaignait de ne pas en avoir.
Face au progrès, quelle est la position du Zen en dehors de celle d’être assise les jambes croisées ? On utilise ce qui existe sans être utilisé par ce qui existe. Le téléphone portable existe, j’utilise le téléphone portable. S’il tombe en panne, qu’à cela ne tienne, j’utilise le deuxième. (En l’occurrence, le deuxième téléphone c’est celui du Centre de la Falaise Verte.) Et si, faits rarissimes, à cause des batteries par exemple, ils devaient tomber en panne en même temps, je me suis déjà largement préparé à cette idée, je m’en « foutrais » complètement. Etes-vous sûr que vous vous en foutriez tout autant ?
A Shofuku-ji lorsque j’y étais, un Gentil Bienfaiteur, appelons-le un GB, fit cadeau d’une machine à laver au Maître. Lui ne l’a jamais faite fonctionner. Ce n’est pas à son âge qu’il allait apprendre comment on fait. C’est son serviteur qui lavait les affaires du maître. Il profitait en même temps de laver les siennes… Tous les autres bonzes lavaient leur linge à la main, à l’huile de coude, au savon de Kobé et à l’eau glacée en hiver, tiède en été. Plusieurs années plus tard lorsqu’en 85 je fis une nouvelle retraite de près d’un an je constate qu’une machine à laver est au service des bonzes de la partie administrative du monastère. Aujourd’hui une machine à laver est installée aux quartiers des bonzes directement affectés au hall de méditation. Plus besoin d’huile de coude, on en fait l’économie. Les GB ont pitié de ces pauvres bonzes et se débarrassent utilement pour nous embarrasser inutilement de ce qu’ils pensent être des cadeaux, ça donne bonne conscience, alors qu’ils ont juste envie de se procurer une nouvelle machine qui coûte plus cher mais qui étend le linge, le plie et le range automatiquement dans les placards.

Cela m’amène à la création d’un nouveau proverbe :
« On peut se passer de ce qui existe seulement si cette chose n’existe pas »

lundi 28 mai 2012

Une journée pas comme les autres


Shiki Masaoka, né en 1867 et mort à 35 ans, fut un poète qui fit revivre la poésie haïku. Il pratiqua zazen toute sa vie. Il vivait très misérablement et était atteint de tuberculose. Après sa mort, on découvrit de nombreux poèmes, écrits en partant de sa propre expérience de vie. Il disait que le Zen était quelque chose qui vous permettait de mourir avec le sourire. Autrement dit le Zen, à travers les efforts faits durant zazen, permet de trouver le courage pour passer à travers les épreuves, dont l’ultime, la mort.

     Les jours qui me restent à vivre
     Encore combien ?
     Nuits si brèves

La souffrance ressentie pendant les longues séances de zazen sert à mieux supporter les petits bobos, petites gênes, petits inconvénients, petites tracasseries de toutes sortes rencontrés dans son quotidien. La souffrance a une grande vertu de purification. A travers les souffrances, les scories s'éliminent. Et à la fin la souffrance n'a d'utilité que dans la mesure où elle est la conséquence de la création d'une activité pratique.
Le but n’est pas de se faire souffrir, car dans ce cas on va tout droit à la perversité, mais quelle personne n’a pas, suite à des aspirations diverses, une excursion par exemple, ressenti des douleurs de toutes sortes au cours d’une ascension ? S’en est-on plaint ? Non. Car l’objectif est d’atteindre son but : Le sommet. Et voilà comment ça se passe :
Hier en catastrophe vous êtes vite allée vous acheter une nouvelle paire de chaussures pour la randonnée, car les anciennes étaient trop anciennes. Et ce matin, c’est le départ. Alors avec ce groupe bien sympathique, malgré la femme d’un ex que vous trouvez un peu chipie à cause d’un reliquat de jalousie de votre part, gaiement vous abordez les premières pentes du sentier. Gaiement le papotage s’est installé, mais au bout d’un moment, comme ça grimpe, vous vous sentez essoufflée, pas étonnant avec tout ce que vous fumez tous les jours, donc vous barjaquez moins (expression du sud-est peu usitée qui signifie parler à tort et à travers. En zazen c’est la même chose, on pense à tort et à travers) et vous continuez en écoutant plus et parlant moins, ce n’est pas dans vos habitudes.
Et plus ça monte, plus vous trouvez que votre sac est lourd, pas étonnant, c’est chaque fois la même chose, vous ne pouvez pas vous empêcher d’emporter plein de choses inutiles, en vous disant chaque fois que « ça peut servir » mais vous n’avez pas besoin de tout ça et chaque fois vous recommencez. (Les personnes qui viennent en sesshin, c’est la même chose. On dirait qu’ils sont là pour trois mois.) Vous vous en voulez de ne jamais apprendre ou de chaque fois oublier ce que vous avez appris ! Au bout d’une heure vous sentez une petite douleur derrière le talon, oh pas grand chose, mais vous pensez que ce n’est rien (en zazen c’est aussi comme ça, au bout d’un moment on commence à avoir mal mais on pense que ce n’est rien et que ça va passer) même si vous n’avez pas eu le temps de rôder vos chaussures avant. (On n’a pas le temps non plus de rôder sa posture de zazen.) Tout le monde sait ça, vous avec, mais vous n’avez pas pu vous en empêcher, on ne commence jamais une randonnée qui va durer une dizaine d’heures avec des souliers neufs.
Mais la douleur au talon augmente, et maintenant c’est aussi à l’autre pied. Ce n’est pas grave, à la prochaine pause vous enlèverez vos chaussures et mettrez un petit pansement. Mais voilà, la pause arrive et vous avez beau chercher dans les multiples poches de votre sac et le vider devant vous et devant tout le monde qui admire le fatras, vous constatez que vous avez oublié la petite trousse sur le bord du lavabo de la salle de bain. Alors vous allez embêter tout le monde pour savoir s’il n’y a pas dans le groupe quelqu’un d’assez gentil pour voir dans son sac si un pansement ne s’y trouverait pas et comme les gens sont assez gentils bien que certains pensent que vous êtes une emmerdeuse ils vous trouvent des pansements (en zazen quand on souffre c’est l’ego qui souffre et vous avez beau faire le tour de tout le monde pour savoir s’il n’existe pas un petit truc, un baume quelconque, une astuce secrète pour atténuer la douleur, mais rien de tout ça n’existe pas et que la seule aide qui existe c’est, et là je vous livre le truc, le baume, l’astuce, le secret : endurer).
Donc vous continuez à monter, ce sont toujours les mêmes qui sont devants et toujours les mêmes qui sont derrières : vous. Et vous trouvez votre sac de plus en plus lourd et vous avez de plus en plus mal aux épaules, aux jambes, et ne parlons pas des pieds (en zazen aussi on a mal au dos, aux genoux, aux chevilles). Ça fait des heures que ça monte et vous vous dites que vous auriez bien pu faire la grâââsse matinée plutôt que d’être avec ce groupe qui ne vous attend pas. Et vous vous demandez ce que vous faites là (en cours de sesshin aussi, souvent on se demande ce qu’on fait là). Vos pieds sont une catastrophe. Les ampoules qui s’étaient formées ont éclatés et le frottement de la chaussette sur l’ampoule a fait partir la peau si bien que la plaie frotte directement la chaussette… Mais bon, le sommet arrive enfin, vite mettre son coupe-vent, boire un coup, tout le monde a le sourire, se congratule, l’un dit « comme c’est beau ces montagnes » et entonne justement :
     Là-haut sur la montagne
     L’était un vieux chalet
puis s’arrête parce qu’il ne connaît pas les paroles. Un autre dit « c’est pas le tout ça mais il faut manger ». Et tous de cœur à cœur (ishin denshin) (…) s’écrient le plus platement du monde : « Il faut manger pour prendre des forces ! » Alors chacun sort son petit en-cas, son petit sandwich, son petit frichti, chacun contenant, preuve d’une imagination sans borne et d’une fantaisie illimitée, la tranche de jambon pure porc. Mais « mes chers compatriotes » (pour utiliser une expression très en vogue ces derniers temps) que deviendrait-on en France sans cette « tranche de jambon pure porc » ? Je me le demande.
Bon, le temps passe, après « avoir repris des forces » on est fatigué, et une petite sieste dans l’herbe ferait du bien, mais le chef a donné l’ordre de rentrer (la réalité de la vie n’est pas au sommet d’une montagne tout comme la réalité de la vie n’est pas en zazen mais vous avez voulu vous débarrasser des soucis de cette existence en faisant cette excursion et vous vous êtes créées de nouveaux bobos en vous égarant au milieu de ces montagnes (en zazen on ne se crée pas de nouveau bobos on découvre les anciens) alors on attaque la descente vers la vallée. Et allégrement vous qui aviez mal en montant vous êtes devant parce que à la descente les plaies ne se frottent plus sur l’arrière de la chaussure. Par contre il ne faut pas longtemps pour que vous sentiez vos orteils toucher cette fois le bout de vos chaussures neuves et qu’il ne faut pas longtemps pour sentir que de nouvelles ampoules se forment, mais clopin-clopant vous arrivez quand même en bas de la pente (comme cahin-caha on arrive en fin de sesshin des escarres aux fesses). On se congratule à nouveau, éreintés, mais content d’avoir découvert de beaux espaces, (rien toutefois à comparer avec les grands espaces vides qu’on découvre en méditation en tournant ses regards sur fond de néant).
Maintenant que vous avez compris que faire une excursion ou faire une sesshin c’est exactement la même chose, on a toujours mal quelque part et que si vous oubliez votre boîte à pansements ça n’a pas d’importance, sauf qu’en rando quand ça ne monte pas ça descend et qu’en zazen, ça monte et ça n’en fini jamais de monter en demeurant immobile, sans faire un mouvement, en se retrouvant toujours au même point. Et, chose étonnante, aussi haut qu’on monte jusqu’à son altitude on est toujours à la hauteur de la situation à laquelle on doit faire face dans la vie. C’est beau, non ?

Taïkan Jyoji

dimanche 26 février 2012

ANNÉE DU DRAGON




Peinture et calligraphie de Taïtsu Roshi


Les caractères signifient :

Devenu dragon, il s’élève vers le ciel
Devenu serpent, il se faufile dans les herbes


作龍上天、作蛇入草
Ryū to natte ten ni nobori,
Ja to natte kusa ni iri

Le sens que donne Taitsu Roshi à cette expression issue des « Phrases de la Forêt du Zen » (jap. zenrin kushu) est le suivant :

« Il arrive qu’en dominant une situation, de haut comme un dragon on agite vent et nuages et sans défaillir face à la nation et la société on promeut le Dharma (l’enseignement du Bouddha).
Il arrive qu’en se faufilant dans les hautes herbes, comme un serpent, sans se faire repérer, secrètement on cumule les bonnes actions et on illumine un coin du monde remplissant ainsi un rôle indispensable. »

La première proposition s’adresse aux guides, aux maîtres, aux gourous (dans le sens d’authentiques enseignants spirituels, pas des aveugles s’adressant aux borgnes), qui eux ont une expérience suffisamment profonde pour prodiguer des conseils et instruire sur la doctrine du Bouddha.   

La deuxième proposition s’adresse plutôt aux élèves engagés dans la pratique de la méditation : il existe des actions, des pratiques cachées, non pas secrètes, qui aident à aplatir l’ego. Voir par exemple une poubelle pleine et aller la vider sans se dire : « c’est pas à moi à le faire ». Non. Juste aller vider la poubelle parce que c’est juste de le faire. En toute humilité. En toute simplicité. Cela s’adresse ici aux personnes séjournant à la Falaise Verte. Chez soi il existe plein d’occasion de pratiquer « les actions cachées ».
Il n’y a pas que le zazen sur lequel compter. L’éveil s’obtient en harcelant le moi par tous les côtés à la fois.

Merci à Taïshin Somyo pour son aide à la traduction du texte de Taïtsu Roshi.

samedi 7 janvier 2012

« Nous sommes bien peu de choses »


Il y a quelques temps, l'occasion me fut donnée de regarder un poster représentant notre galaxie. La photo était si nette qu'on l'aurait dite prise par un habitant d'une galaxie voisine. Quelque part, sur les bords, on voyait notre soleil, tout petit, avec son cortège de planètes. Puis la terre, si minuscule, qu'on ne pouvait la situer qu’approximativement. Il faut 100.000 ans pour que la lumière traverse notre galaxie dans son diamètre. Au début du XXème siècle, on ne connaissait qu’une ou deux galaxies. Aujourd’hui on en dénombre des milliards… A propos du mot "milliard", qui est un nombre énorme dont on ne peut mesurer l'importance, savez-vous combien de temps il faut pour compter jusqu'à 1 milliard, à raison d'un chiffre par seconde, jours et nuits ? Faites le calcul si vous pensez que je me trompe : Pas loin de 32 ans... Quand on pense que les gouvernements prévoient des budgets pour l'armement qui se montent à plusieurs dizaines de milliards d'euros ou de dollars, cela est tout à fait effarant. 1 milliard représente autant de grains de sable qu'une baignoire peut en contenir. En France, le budget pour la Défense était en 2004 de 32 milliards d'euros. Il faudrait 1024 ans pour compter cette somme à raison d'un euro par seconde. Je pense qu'il faut le dire au monde entier : « Oh ! Mon dentier ! » : Un milliard est un chiffre colossal. Vous voudriez qu'on envisage le désarmement ? Aucun politicien n'est prêt à l’envisager, à l’imaginer, à le concevoir. Pour nous les pratiquants du Zen le désarmement ne peut commencer que par le désarmement intérieur, c'est-à-dire le lâcher-prise. Cela revient à se libérer de ses blocages, qui étaient des protections créées lors de l'enfance qui, une fois adulte, n'ont plus lieu d'être.

Si nous pouvions comprendre combien nous sommes insignifiants, combien nous ne représentons rien, notre ego fondrait immédiatement en même temps que ses manifestations. Nous arrêterions tout de suite de mettre en avant notre petit moi, nous deviendrions sur le champ beaucoup plus modestes et humbles. Et c'est cette croyance en un moi, en un ego, cet attachement à un moi, à un ego, qui positionne des barrières à la réalisation. Une des caractéristiques de l'être humain est de croire qu'il y a soi et le reste de l'univers. Mais le reste de l'univers ne pense pas que l'être humain est un élément à part. Il y a une différence entre ce qu'on pense que les choses devraient être et ce qu'elles sont dans la réalité. Cela revient à ne plus mettre son ego au centre de chaque chose. Seul l'être humain pense qu'il est un élément particulier de l'univers et c'est la raison pour laquelle il ne se fond pas dans le grand Tout. Pour illustrer combien nous sommes vraiment peu de choses, imaginons un grain de sable que nous aurions isolé des autres. Le soleil, lui, pour respecter les proportions de taille et de distance, doit se situer à 5 mètres du grain de sable, et avoir la dimension d'une orange.[1] Et sur ce grain de sable, environ 6 milliards d'individus…, tellement petits qu'on ne peut même pas les imaginer. Vous voyez, nous sommes vraiment peu de choses ![2]


[1] Cité dans « Il pleut des planètes » Alfred Vidal-Madjar, éditions Hachette
[2] Extrait de « Zen au fil des jours » de Taïkan Jyoji, éditions Le Courrier du Livre
© Taïkan Jyoji 2011