vendredi 26 décembre 2014

Exhortation Rohatsu 2014, 1er soir


Samedi 1er soir :

Imaginons que le Zendo est un attelage. Et qu’avec ce premier zazen tout le monde est monté dans cet attelage et a pris sa place. Et quavec ce 2ème zazen la caravane démarre et ne s’arrêtera que dans une semaine. On va s’efforcer pendant cette semaine d’atteindre « l’autre rive ».

Taishin-sensei et moi-même on va tenir les rênes. A ce propos Taishin a tout pouvoir pour remettre les pendules à l’heure lorsque c’est nécessaire. Mais l’énergie qui va faire avancer l’attelage va venir de nous tous. Alors je vous encourage avec vos petits poumons à avancer à fond dans la réalisation de votre Véritable nature.





Commentaires de l’exhortation du samedi 1er soir

Chacun sait-il pourquoi il ou elle est là ? Définir clairement la raison pour laquelle on est assez fou pour faire Rohatsu n’est pas facile. On sent bien qu’il faut faire quelque chose pour changer quelque chose. Mais ce « quelque chose » n’est pas clairement définissable. Quoi qu’il en soit la pratique intensive du zazen telle qu’elle est mise en place ici, en se calquant sur la pratique du Rohatsu au monastère de Shofuku-ji, nous amène à devenir ce que nous voudrions être. Et qu’est-ce qu’on voudrait être ? Plus beau, plus riche, plus ceci ? Là, la liste est longue. Ou moins con, moins envieux, moins cela ? Là, la liste est longue aussi.

Pour moi, ce à quoi l’être humain aspire avant tout, en le ressentant intuitivement, c’est d’atteindre l’état d’homme ou femme authentique, libre et libéré. Libre et libéré de son schéma de pensées, de la valse infernale des pensées, qui viennent et reviennent de manière incessante, et qui sont la source de toutes nos angoisses, de nos peurs, de nos attachements, de notre petite vie. Et tout ce manège, à force, s’est figé, s‘est grippé, s’est sclérosé. C’est ce qui forme l’ego coriace. Et le « moi » de l’homme est dur comme de la pierre. Alors, en s’y mettant tous, tous ensemble on peut creuser dedans. Le groupe qu’on forme pendant une sesshin permet de ne pas nous effondrer comme des sacs de pommes de terre.

A la fin, être libre, c’est exécuter les actions de la vie sans changer quoi que ce soit, mais sans ressentir le poids des carcans sociaux. Ce qui est énorme.

Taïkan Jyoji

© Taïkan Jyoji 2011