Il y a quelques temps, l'occasion me fut
donnée de regarder un poster représentant notre galaxie. La photo était si
nette qu'on l'aurait dite prise par un habitant d'une galaxie voisine. Quelque
part, sur les bords, on voyait notre soleil, tout petit, avec son cortège de
planètes. Puis la terre, si minuscule, qu'on ne pouvait la situer qu’approximativement.
Il faut 100.000 ans pour que la lumière traverse notre galaxie dans son
diamètre. Au début du XXème siècle, on ne connaissait qu’une ou deux
galaxies. Aujourd’hui on en dénombre des milliards… A propos du mot
"milliard", qui est un nombre énorme dont on ne peut mesurer
l'importance, savez-vous combien de temps il faut pour compter jusqu'à 1
milliard, à raison d'un chiffre par seconde, jours et nuits ? Faites le calcul
si vous pensez que je me trompe : Pas loin de 32 ans... Quand on pense que les
gouvernements prévoient des budgets pour l'armement qui se montent à plusieurs
dizaines de milliards d'euros ou de dollars, cela est tout à fait effarant. 1
milliard représente autant de grains de sable qu'une baignoire peut en
contenir. En France, le budget pour la Défense était en 2004 de 32 milliards d'euros. Il
faudrait 1024 ans pour compter cette somme à raison d'un euro par seconde. Je
pense qu'il faut le dire au monde entier : « Oh ! Mon dentier
! » : Un milliard est un chiffre colossal. Vous voudriez qu'on
envisage le désarmement ? Aucun politicien n'est prêt à l’envisager, à
l’imaginer, à le concevoir. Pour nous les pratiquants du Zen le désarmement ne
peut commencer que par le désarmement intérieur, c'est-à-dire le lâcher-prise.
Cela revient à se libérer de ses blocages, qui étaient des protections créées
lors de l'enfance qui, une fois adulte, n'ont plus lieu d'être.
Si
nous pouvions comprendre combien nous sommes insignifiants, combien nous ne
représentons rien, notre ego fondrait immédiatement en même temps que ses
manifestations. Nous arrêterions tout de suite de mettre en avant notre petit
moi, nous deviendrions sur le champ beaucoup plus modestes et humbles. Et c'est
cette croyance en un moi, en un ego, cet attachement à un moi, à un ego, qui
positionne des barrières à la réalisation. Une des caractéristiques de l'être
humain est de croire qu'il y a soi et le reste de l'univers. Mais le reste de
l'univers ne pense pas que l'être humain est un élément à part. Il y a une
différence entre ce qu'on pense que les choses devraient être et ce qu'elles
sont dans la réalité. Cela revient à ne plus mettre son ego au centre de chaque
chose. Seul l'être humain pense qu'il est un élément particulier de l'univers
et c'est la raison pour laquelle il ne se fond pas dans le grand Tout. Pour
illustrer combien nous sommes vraiment peu de choses, imaginons un grain de
sable que nous aurions isolé des autres. Le soleil, lui, pour respecter les
proportions de taille et de distance, doit se situer à 5 mètres du grain de sable, et avoir
la dimension d'une orange.[1] Et
sur ce grain de sable, environ 6 milliards d'individus…, tellement petits qu'on
ne peut même pas les imaginer. Vous voyez, nous sommes vraiment peu de choses ![2]