samedi 7 janvier 2012

« Nous sommes bien peu de choses »


Il y a quelques temps, l'occasion me fut donnée de regarder un poster représentant notre galaxie. La photo était si nette qu'on l'aurait dite prise par un habitant d'une galaxie voisine. Quelque part, sur les bords, on voyait notre soleil, tout petit, avec son cortège de planètes. Puis la terre, si minuscule, qu'on ne pouvait la situer qu’approximativement. Il faut 100.000 ans pour que la lumière traverse notre galaxie dans son diamètre. Au début du XXème siècle, on ne connaissait qu’une ou deux galaxies. Aujourd’hui on en dénombre des milliards… A propos du mot "milliard", qui est un nombre énorme dont on ne peut mesurer l'importance, savez-vous combien de temps il faut pour compter jusqu'à 1 milliard, à raison d'un chiffre par seconde, jours et nuits ? Faites le calcul si vous pensez que je me trompe : Pas loin de 32 ans... Quand on pense que les gouvernements prévoient des budgets pour l'armement qui se montent à plusieurs dizaines de milliards d'euros ou de dollars, cela est tout à fait effarant. 1 milliard représente autant de grains de sable qu'une baignoire peut en contenir. En France, le budget pour la Défense était en 2004 de 32 milliards d'euros. Il faudrait 1024 ans pour compter cette somme à raison d'un euro par seconde. Je pense qu'il faut le dire au monde entier : « Oh ! Mon dentier ! » : Un milliard est un chiffre colossal. Vous voudriez qu'on envisage le désarmement ? Aucun politicien n'est prêt à l’envisager, à l’imaginer, à le concevoir. Pour nous les pratiquants du Zen le désarmement ne peut commencer que par le désarmement intérieur, c'est-à-dire le lâcher-prise. Cela revient à se libérer de ses blocages, qui étaient des protections créées lors de l'enfance qui, une fois adulte, n'ont plus lieu d'être.

Si nous pouvions comprendre combien nous sommes insignifiants, combien nous ne représentons rien, notre ego fondrait immédiatement en même temps que ses manifestations. Nous arrêterions tout de suite de mettre en avant notre petit moi, nous deviendrions sur le champ beaucoup plus modestes et humbles. Et c'est cette croyance en un moi, en un ego, cet attachement à un moi, à un ego, qui positionne des barrières à la réalisation. Une des caractéristiques de l'être humain est de croire qu'il y a soi et le reste de l'univers. Mais le reste de l'univers ne pense pas que l'être humain est un élément à part. Il y a une différence entre ce qu'on pense que les choses devraient être et ce qu'elles sont dans la réalité. Cela revient à ne plus mettre son ego au centre de chaque chose. Seul l'être humain pense qu'il est un élément particulier de l'univers et c'est la raison pour laquelle il ne se fond pas dans le grand Tout. Pour illustrer combien nous sommes vraiment peu de choses, imaginons un grain de sable que nous aurions isolé des autres. Le soleil, lui, pour respecter les proportions de taille et de distance, doit se situer à 5 mètres du grain de sable, et avoir la dimension d'une orange.[1] Et sur ce grain de sable, environ 6 milliards d'individus…, tellement petits qu'on ne peut même pas les imaginer. Vous voyez, nous sommes vraiment peu de choses ![2]


[1] Cité dans « Il pleut des planètes » Alfred Vidal-Madjar, éditions Hachette
[2] Extrait de « Zen au fil des jours » de Taïkan Jyoji, éditions Le Courrier du Livre
© Taïkan Jyoji 2011