Le vide n’a ni commencement
ni fin.Ni proue ni poupe,
Ni queue ni tête…
T. J.
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Aujourd’hui
dimanche, jour de baignade. Comme tous les dimanches en hiver.
28 novembre, la
flotte est froide, très froide, suffisamment froide pour en
faire un jour de
baignade. C’est mon ascèse spirituelle hebdomadaire en hiver.
Pourquoi
« spirituelle » ? Parce que l’ascèse est spirituelle. Si elle
n’était pas spirituelle, l’ascèse ne présenterait aucun
intérêt ! Donc, s’il
y a quelque chose qui est sans intérêt c’est de me baigner en
été, là où l’eau
est presque chaude, en tous cas bien tiédasse, avec plein de
monde qui se
dorlote au soleil.
Ma
marche réchauffante terminée, je descends dans ma flaque, un peu
plus qu’une
flaque d’ailleurs, un peu moins qu’une mare, comme la photo le
montre.
Esthétiquement on ne fait pas mieux. Les feuilles d’acacias
jonchent la mare,
ou la gouille, comme on dit en Helvétie francophone.
Donc : j’ai
marché
trente minutes, j’ai chaud, l’eau m’attend. Je me déshabille, je
ne choquerai que
les rouges-gorges philosophes qui m’observent, et rentre
tranquillement,
inutile d’aller vite car je n’y arrive pas, je chante à tue-tête
mes formules
magiques, sacrées, secrètes, pour stimuler ma détermination, pas
trop fort
quand même pour ne pas alerter les éventuels passants de la
proche « Dolce
Via », et, ça y est, j’ai de l’eau jusqu’au cou, je compte
jusqu’à trente à
la vitesse d’une limace et là, j’ai ma dose de spiritualité, je
sors, tremblant,
glacé, content…