Le vide n’a ni commencement ni fin.
Ni proue ni poupe,
Ni queue ni tête…
T. J.
* * *
Aujourd’hui dimanche, jour de baignade. Comme tous les dimanches en hiver. 28 novembre, la flotte est froide, très froide, suffisamment froide pour en faire un jour de baignade. C’est mon ascèse spirituelle hebdomadaire en hiver.
Pourquoi « spirituelle » ? Parce que l’ascèse est spirituelle. Si elle n’était pas spirituelle, l’ascèse ne présenterait aucun intérêt ! Donc, s’il y a quelque chose qui est sans intérêt c’est de me baigner en été, là où l’eau est presque chaude, en tous cas bien tiédasse, avec plein de monde qui se dorlote au soleil.
Ma marche réchauffante terminée, je descends dans ma flaque, un peu plus qu’une flaque d’ailleurs, un peu moins qu’une mare, comme la photo le montre. Esthétiquement on ne fait pas mieux. Les feuilles d’acacias jonchent la mare, ou la gouille, comme on dit en Helvétie francophone.
Donc : j’ai marché trente minutes, j’ai chaud, l’eau m’attend. Je me déshabille, je ne choquerai que les rouges-gorges philosophes qui m’observent, et rentre tranquillement, inutile d’aller vite car je n’y arrive pas, je chante à tue-tête mes formules magiques, sacrées, secrètes, pour stimuler ma détermination, pas trop fort quand même pour ne pas alerter les éventuels passants de la proche « Dolce Via », et, ça y est, j’ai de l’eau jusqu’au cou, je compte jusqu’à trente à la vitesse d’une limace et là, j’ai ma dose de spiritualité, je sors, tremblant, glacé, content…