vendredi 10 décembre 2021

Le vide n’a ni commencement ni fin.

           
Le vide n’a ni commencement ni fin.

Ni proue ni poupe,

Ni queue ni tête…

 T. J.

 * * *


Aujourd’hui dimanche, jour de baignade. Comme tous les dimanches en hiver. 28 novembre, la flotte est froide, très froide, suffisamment froide pour en faire un jour de baignade. C’est mon ascèse spirituelle hebdomadaire en hiver. 

Pourquoi « spirituelle » ? Parce que l’ascèse est spirituelle. Si elle n’était pas spirituelle, l’ascèse ne présenterait aucun intérêt ! Donc, s’il y a quelque chose qui est sans intérêt c’est de me baigner en été, là où l’eau est presque chaude, en tous cas bien tiédasse, avec plein de monde qui se dorlote au soleil.

Ma marche réchauffante terminée, je descends dans ma flaque, un peu plus qu’une flaque d’ailleurs, un peu moins qu’une mare, comme la photo le montre. Esthétiquement on ne fait pas mieux. Les feuilles d’acacias jonchent la mare, ou la gouille, comme on dit en Helvétie francophone. 

Donc : j’ai marché trente minutes, j’ai chaud, l’eau m’attend. Je me déshabille, je ne choquerai que les rouges-gorges philosophes qui m’observent, et rentre tranquillement, inutile d’aller vite car je n’y arrive pas, je chante à tue-tête mes formules magiques, sacrées, secrètes, pour stimuler ma détermination, pas trop fort quand même pour ne pas alerter les éventuels passants de la proche « Dolce Via », et, ça y est, j’ai de l’eau jusqu’au cou, je compte jusqu’à trente à la vitesse d’une limace et là, j’ai ma dose de spiritualité, je sors, tremblant, glacé, content…

lundi 26 avril 2021

SHOKUJO KORE DOJO

Extrait du livre « Exhortation Zen » de Taïkan Jyoji



Ce soir je voudrais donner quelques explications sur la signification de la calligraphie exposée dans le Zendo : SHOKUJO KORE DOJO : « Là où on est, c’est l’endroit pour pratiquer la Voie  » (sous entendu de réalisation de soi). Le Zen n’est pas que zazen (méditation assise jambes croisées). Il peut l’être le temps d’une session, généralement d’une semaine, au cours de laquelle l’accent est mis sur l’assise posturale. Où chez soi lors de sa pratique quotidienne.
Mais la vie de tous les jours est également l’occasion de pratiquer la Voie, là où l’on est. Lorsqu’on se concentre et qu’on s’absorbe volontairement sur ce qu’on est en train d’exécuter, on pratique la Voie. Chaque instant de la vie de tous les jours peut être l’occasion de pratiquer la Voie, d’être « Un » avec ce qu’on fait au moment où on le fait, de réaliser sa nature profonde. Le Zen est action. Dans l’action aussi, on peut s’unir à l’Absolu.

Dans l’Anthologie des citations de la Forêt Zen on lit ceci :
« Point n’est besoin de collines et de ruisseaux pour une méditation tranquille. Lorsque l’esprit est apaisé, même le feu est rafraichissant. »
La Voie se pratique là où l’on se trouve. Le Chemin commence à se pratiquer à l’endroit même où l’on est. On ne peut invoquer l’absence d’un lieu idéal pour s’engager dans une pratique d’émancipation. Là où vous êtes peut-être le lieu idéal pour se réaliser, où pour chercher la réalisation. L’attention donnée lors des actes de la vie quotidienne, c’est la pratique de la Voie. Faire plusieurs choses empêche de s’engager globalement dans une seule chose.

Cette calligraphie du Maître Taïtsu Khono encourage à vivre une action, seulement celle de l’action en cours.



© Taïkan Jyoji 2011