samedi 23 janvier 2016

Exhortation Rohatsu 2014, 4ème soir



Je m’étais engagé à apporter un commentaire à chacune des exhortations que je prodigue pendant la sesshin de Rohatsu. Les jours ont passés, les semaines avec, puis les mois, et maintenant la sesshin de Rohatsu 2015 s’est déroulée sans que j’en aie fini avec Rohatsu 2014…
Donc, pour ne pas exacerber davantage la frustration de mes assoiffés disciples, adeptes, dévots, groupies, fans, élèves, partisans et lecteurs ahuris disséminés aux quatre coins de la planète voici l’exhortation du 4ème soir suivie de son commentaire. Les trois dernières soirées suivront sous peu.

Mardi 4ème soir
Je vais vous aider à comprendre quelque chose : je vous ai parlé le premier soir de l’attelage dont Taïshin et moi tenons les rênes, avec lequel on va essayer d’atteindre « l’autre rive ».
Imaginons maintenant que notre groupe « soudé et uni » soit tombé dans un tripot, qu’on est séquestré, et qu’en plus on est tous ici indigents (c’est de toutes façons un peu le cas) et il va falloir s’en sortir. Et il n’y a qu’une sortie. Et elle est à l’intérieur de soi-même. Les idiots cherchent vers l’extérieur. Dans le Zen ce n’est pas Dieu qui descend nous illuminer, c’est nous qui nous illuminons nous-mêmes, par nous-mêmes. C’est en passant du grenier de votre cerveau à la cave de vos entrailles que se trouve la solution. Nulle part ailleurs.
Dit autrement : il faut arrêter de penser !

Commentaires de l'exhortation du mardi, 4ème soir
« Faire descendre du grenier à la cave » c’est un peu comme faire descendre la nourriture qu’est le souffle, car le souffle est une nourriture, on l’oublie souvent, et s’il s’agit pour la nourriture qu’elle transite de la bouche à l’abdomen pour le souffle cela demande un peu plus de concentration. De plus il faut être imaginatif : lorsqu’on inspire on « voit » son souffle rentrer par le nez et descendre dans les poumons, mais au lieu de l’arrêter au niveau des poumons on visualise l’air descendre jusque dans l’abdomen. Comme on respire avec l’abdomen il n’est pas si difficile que ça de visualiser l’air qui descend jusque dans le ventre. C’est un exercice qui est de l’ordre de l’imagination et de la visualisation. Le ventre qui rentre et qui sort est lui bien réel. Et on peut sentir son ventre qui se gonfle et se dégonfle et se concentrer sur ce va et vient ; et apprendre à rester concentré de plus en plus intensément jusqu’à ce qu’un jour, en étant tellement concentré, plus une seule pensée ne se forme.
Ça peut prendre quelques années !

Taïkan Jyoji

5 commentaires:

  1. Houï Nêng : « S’abstenir de penser à quoi que ce soit pour arriver à supprimer la pensée, cela signifie aussi un attachement, un attachement au « sans-pensée » et c’est un point de vue erroné…Ne penser à rien, puis abolir toute pensée, arrêter le cours de la pensée, c’est la mort et nous serions tout de même réincarnés ailleurs».

    Yôka Gengaku : « Demandez à une marionnette si on atteint l’Eveil en accumulant des mérites ou en s’exerçant à pratiquer ! ».

    Huirang : « Crois-tu qu’en polissant une tuile tu puisses en faire un miroir ? »

    Lin Tsi : « Vénérables, quand je dis qu’il n’y a pas de loi à chercher au dehors, les apprentis ne me comprennent pas et pensent qu’il faut la chercher en dedans d’eux-mêmes. Alors, ils s’assoient et restent sans bouger, la langue collée au palais, plongé dans le « sans-pensée ». Quelle grande erreur ! »

    Il faut de nombreuses années « sans-pensée » pour voir ça ! Et PAS d’autre moyen !

    Si le maître de la taverne et le maître du maître veulent foutre dehors l’ivrogne Yokoshu, qu’ils tirent sur les rennes et lèvent leurs chasse-mouches !

    kkhââât!!!

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    1. Le sang des rênes macule la neige,

      Les chasse-mouches ont claqué sur le mur du temple,

      La poussière s'accumule mais mes bras s'évanouissent,

      Une autre lui redonnera son éclat.

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  2. Il y aura toujours des riches, des pauvres, des forts, des faibles,
    Mais le but de l'État semble être de nous faire croire le contraire.

    Pour vivre dans l'opulence les romains ont soumis
    et conquis les régions à l'entour et ramenés de l'or,
    Des épices et des esclaves,
    C’est la base de l'économie.

    Quant à Dominique voilà ce qu'en dit A. Schopenhauer:
    "Ce destin c’est le manque, la misère, la désolation, le tourment et la mort.

    C’est le règne de la justice éternelle :
    - Si, pris dans l’ensemble, ils n’étaient pas aussi indignes, leur destin, pris dans l’ensemble, ne serait pas aussi triste.
    Nous pouvons dire dans ce sens que le monde lui-même est le jugement dernier.

    Le regard de l’individu vulgaire est troublé, comme disent les Hindous, par le voile de Maya :
    - Au lieu de la chose en soi, c’est le phénomène, dans le temps et dans l’espace, principe d’individuation,
    et sous les autres formes du principe de raison, qui se montre à lui ;
    Sous cette forme de sa connaissance bornée, il ne voit pas l’essence des choses, qui est une, mais ses phénomènes, particuliers, séparés, fort différents voire opposés.

    La volupté lui apparaît alors comme une chose, le tourment comme une autre, cet homme-là comme un bourreau et un assassin, cet homme-ci comme un martyr et une victime, la méchanceté comme une chose et le mal comme une autre.

    Il voit comment l’un vit dans les plaisirs, l’abondance et les voluptés, et juste devant la porte de celui-ci, il voit comment l’autre meurt d’une mort atroce dans le dénuement et dans le froid.

    Le monde illimité, partout rempli de souffrance dans le passé infini, dans l’avenir infini, lui est étranger, lui est même une fable :
    - Sa personne évanescente, son présent sans étendue, son bien-être de l’instant, voilà ce qui seul a de la réalité pour lui, voilà ce qu’il veut préserver à tout prix tant qu’une connaissance meilleure ne lui ouvre pas enfin les yeux.
    En attendant, ce n’est que dans le tréfonds le plus intime de sa conscience que vit l’obscur pressentiment que tout ceci ne lui est finalement pas si étranger, mais entretient avec lui un lien duquel le principium individuationis ne saurait l’éloigner. »

    ..."La Vérité Est Ailleurs !!!"...

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  3. Ce matin, j’ai tenu à relire « Kyudo, La Voie du tir à l’arc »
    Zazen, Kyudo, Voie du thé, des fleurs coupées...

    Bouddha Shakyamuni :

    - «Le Sramana, sans feu ni lieu, coupe court aux passions,
    Se libère de tout attachement
    qui sont la source de son propre mental ;
    Il pénètre la profonde doctrine du Bouddha
    et comprend le Dharma,
    Lequel est immatériel.

    Son cœur est libre de tout préjugé, de tout désir.
    Il n’est pas encombré par la pensée de la Voie,
    Pas plus qu’il n’est emberlificoté par le karma.

    Nulle prévention, ni compulsion,
    Discipline ou illumination.

    Pas question de gravir les degrés
    et pourtant il cumule en lui-même tous les honneurs
    - Cela s’appelle la Voie ! »


    Épictète :
    « Rien de grand ne se réalise instantanément, la grappe de raisin ou la figue ne sont pas non plus produites à l’instant.
    Mais tu prétends recueillir le fruit de la pensée humaine en si peu de temps et si facilement !
    N’y compte pas, même si je te l’affirmais. »

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© Taïkan Jyoji 2011