lundi 28 mars 2016

Exhortation Rohatsu 2014, 6ème soir

Jeudi 6ème soir 

« La vie est de brûler des questions » a dit Antonin Artaud dans son ouvrage « L’ombilic des Limbes ». Tout un titre d’ailleurs. Tant qu’on utilise l’intellect pour répondre aux questions qu’on se pose sur soi, sur la vie, d’où l’on vient, on n’obtiendra pas de réponses satisfaisantes. Momentanément peut-être, mais il y a toujours une nouvelle question qui se pose. Au bout d’un certains temps elle refait surface d’une autre manière et la réponse qui va se former conviendra à nouveau momentanément. C’est ce qu’on réalise par Zazen qui donne les vraies réponses, car elles viennent du fond des entrailles. De plus, ce qui est formidable avec le Zazen, c’est qu’il supprime les questions. Alors je vais vous donner une piste : Approfondissez votre Zazen et vos questions fonderont les unes après les autres ! C’est pas mal, non ? 

Commentaires de l’exhortation du jeudi, 6ème soir : 

Je ne sais pas ce qui se passait dans la tête d’Antonin Artaud quand il disait ou écrivait : « la vie est de brûler les questions », lui qui était tellement harcelé par elles au point que n’en pouvant plus il alla se présenter lui-même à l’hôpital Ste Anne et fut soigné à coup… d’électrochocs. Toujours est-il que l’être humain s’est toujours posé plein de questions et qu’il meurt la plupart du temps sans les avoir résolues, je pense aux questions métaphysiques, sur la vie, sur la mort. Lorsqu’un être arrive à l’âge où l’avenir est derrière lui et qu’il se penche sur son passé, il peut bien se dire qu’il a réussi sa vie professionnelle, ou amoureuse, ou ce qui est beaucoup plus aléatoire, les deux, mais la question de la mort, de la vie, ou les deux ce qui va de pair, l’a-t-il résolue ? La plupart du temps, non. Réussir sa vie d’être humain n’est pas chose simple. « Réaliser sa véritable nature » n’est pas accessible à tous. Mais gravir un à un les échelons qui y mènent, ça tout le monde peut le faire, à condition d’en avoir envie. Et cette « envie » d’apaiser son mental, de calmer ses angoisses n’est pas la vie ordinaire. Là, on sort des pulsions de l’égo : j’ai envie de ceci, je n’ai pas envie de cela. Avancer sur la Voie demande de côtoyer des personnes qui sont elles aussi engagées dans cette direction sinon on risque de s’aventurer dans la Voie qui mène tout droit « à l’entrepôt ». Et là, dans ce vaste entrepôt-dépotoir qu’est le « moi », il est facile de se perdre et difficile de s’y retrouver. D’où l’importance de fréquenter des gens « enrôlés » dans l’éveil de l’esprit. Avez-vous résolu la question : « Pourquoi suis-je angoissé dans la vie ? » Ou : « Pourquoi ai-je peur de la mort ? » Non ? Alors foncez tout droit chevaucher votre coussin de Zazen ! 

Taïkan Jyoji
© Taïkan Jyoji 2011