Je m’étais engagé
à apporter un commentaire à chacune des exhortations que je prodigue pendant la
sesshin de Rohatsu. Les jours ont passés, les semaines avec, puis les mois, et
maintenant la sesshin de Rohatsu 2015 s’est déroulée sans que j’en aie fini
avec Rohatsu 2014…
Donc, pour ne pas
exacerber davantage la frustration de mes assoiffés disciples, adeptes, dévots,
groupies, fans, élèves, partisans et lecteurs ahuris disséminés aux quatre
coins de la planète voici l’exhortation du 4ème soir suivie de son commentaire.
Les trois dernières soirées suivront sous peu.
Mardi 4ème soir
Je vais vous aider à comprendre quelque chose : je vous ai parlé le premier soir de l’attelage dont Taïshin et moi tenons les
rênes, avec lequel on va essayer d’atteindre « l’autre rive ».
Imaginons maintenant que notre groupe « soudé
et uni » soit tombé dans un tripot, qu’on est séquestré, et qu’en plus on
est tous ici indigents (c’est de toutes façons un peu le cas) et il va falloir
s’en sortir. Et il n’y a qu’une sortie. Et elle est à l’intérieur de soi-même.
Les idiots cherchent vers l’extérieur. Dans le Zen ce
n’est pas Dieu qui descend nous illuminer, c’est nous qui nous illuminons
nous-mêmes, par nous-mêmes. C’est en passant
du grenier de votre cerveau à la cave de vos entrailles que se trouve la
solution. Nulle part ailleurs.
Dit autrement : il faut arrêter de
penser !
Commentaires de l'exhortation du mardi, 4ème soir
« Faire descendre du grenier à la
cave » c’est un peu comme faire descendre la nourriture qu’est le souffle,
car le souffle est une nourriture, on l’oublie souvent, et s’il s’agit pour la
nourriture qu’elle transite de la bouche à l’abdomen pour le souffle cela
demande un peu plus de concentration. De plus il faut être imaginatif :
lorsqu’on inspire on « voit » son souffle rentrer par le nez et
descendre dans les poumons, mais au lieu de l’arrêter au niveau des poumons on
visualise l’air descendre jusque dans l’abdomen. Comme on respire avec
l’abdomen il n’est pas si difficile que ça de visualiser l’air qui descend
jusque dans le ventre. C’est un exercice qui est de l’ordre de
l’imagination et de la visualisation. Le ventre qui rentre et qui sort est
lui bien réel. Et on peut sentir son ventre qui se gonfle et se dégonfle et se
concentrer sur ce va et vient ; et apprendre à rester concentré de plus en
plus intensément jusqu’à ce qu’un jour, en étant tellement concentré, plus
une seule pensée ne se forme.
Ça peut prendre quelques années !
Taïkan Jyoji